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vendredi 28 janvier 2011

Le triangle de Karpman, la place du sauveur dans l'accompagnement


Vous arrive-t-il de venir en aide à des personnes qui ne vous ont pas clairement exprimé qu'elles avaient besoin de vous ?

Vous sentez-vous coupable ou fautif lorsque quelqu'un de votre entourage éprouve des difficultés à se prendre en charge ?

Vous sentez-vous quelquefois en colère parce que vous êtes convaincu que cette personne irait beaucoup mieux si elle suivait vos directives ?

Vous arrive-t-il de vous sentir exploité dans votre travail et d'avoir l'impression que vous n'êtes pas apprécié malgré tout ce que vous faites pour aider les autres ?

Si vous avez répondu: OUI, à une de ces questions, il est possible que vous adoptiez à l'occasion des comportements de sauveteur à l'égard de votre entourage. Ces comportements vous placent dans une situation inconfortable et risquent de vous mener à l'épuisement. Ils peuvent vous empêcher d'aider les personnes qui ont légitimement besoin d'aide et le demande.


Les sauveteurs potentiels


Le sauveteur agit souvent en se sacrifiant pour l'autre. Il vole à son secours en mettant de côté ses propres besoins, émotions et désirs.


La dynamique
C'est souvent de la pitié, de la culpabilité ou simplement l'anxiété qui mettent le sauveteur en action. Celui-ci est la plupart du temps convaincu qu'il doit absolument faire quelque chose. Il croit savoir ce qu'il faut faire mieux que quiconque, se sent indispensable et irremplaçable même si on ne lui a rien demandé. Il est porté à croire que le monde ne peut fonctionner sans lui, que la personne en face de lui est incapable de se débrouiller seule, de se prendre en charge elle-même. En fait, il se croit plus compétent que la personne elle-même pour décider de ce qui est bon pour elle. Le sauveteur agit avec une bonne intention, il se sent à cette étape une âme charitable et un grand cœur, mais il protège quelqu'un sans tenir compte de ses besoins réels.
Malgré cette image de pureté relative, c'est plutôt pour se libérer de l'inconfort ressenti par la détresse de l'autre, que le sauveteur passe à l'action. Malheureusement, il se rend compte rapidement qu'il ne voulait pas vraiment faire cela, il s'irrite et la plupart du temps il s'en veut. Il s'aperçoit que ce qu'il a fait n'était pas vraiment de son ressort ou encore il se retrouve avec des problèmes qui ne le concernent pas ou sont très différents de ce qu'il avait imaginé. Il se demande s'il n'est pas allé trop loin, ne sait plus où s'arrêter et voit la dépendance de l'autre s'installer. Bref, il s'est sacrifié et il s'en veut. De plus, la victime, cette âme en détresse ne lui témoigne aucune reconnaissance. Elle ne se comporte pas correctement et n'écoute plus les conseils. Elle se sent contrôler, incapable d'agir et résiste.


Le persécuteur et la victime

Loin de s'améliorer, la personne sauvée, libre de toutes responsabilités, poursuit ses comportements destructeurs et elle a tout le loisir d'en faire le reproche au sauveteur. Si celui-ci est convaincu de sa mission, il poursuit un peu plus ses efforts, toujours en laissant de côté ses besoins et désirs. A ce moment, le sauveteur peut finir par s'épuiser et abandonner. Il se sent alors exploité, vidé et devient lui-même victime. Autrement, il laisse le gilet de sauvetage pour le gourdin et se transforme en persécuteur. Il impose des règles sévères qui doivent être respectées. Il surveille attentivement le comportement de l'autre et au moindre écart, intervient. Il se met en colère et menace de couper les privilèges.


En harcelant, contrôlant et persécutant l'autre, le sauveteur finit tôt ou tard dans le coin de la victime. Les sentiments à cette étape sont extrêmement douloureux et vont de la perte d'estime à une sensation profonde d'inadéquation. Malheureusement, le cycle continue de se répéter tant et aussi longtemps que le sauveteur ne se rend pas compte de sa dynamique. Il parcourt à nouveau le triangle de Karpman, quelquefois en une journée, quelquefois en plusieurs mois.


Se libérer du sauvetage
Il n'est pas facile pour le sauveteur de changer sa façon d'agir. Comme nous l'avons dit, il ressent au point de départ de la pitié, de la culpabilité ou de l'anxiété et c'est pour calmer ses émotions désagréables qu'il se porte au secours de l'autre. Cette façon de réagir, le sauveteur l'a souvent apprise dans son enfance surtout s'il a dû prendre soin d'un parent malade, alcoolique ou souffrant d'un problème d'adaptation sociale. Même enfant, il a dû prendre soin de l'autre à un moment de sa vie où il aurait dû apprendre à prendre soin de lui-même. Ainsi, il perpétue à l'âge adulte ce qu'il a appris dans l'enfance et continue de porter secours à tous sauf à lui-même. Le sauveteur a de la difficulté à reconnaître ses propres désirs, ses propres besoins. C'est à travers les autres, et à son propre détriment, qu'il cherche à se valoriser et à se réaliser. Pour ne plus avoir besoin de voler au secours des autres, il peut apprendre à prendre soin de lui-même. Il doit le faire malgré la culpabilité, la tristesse et la colère qui surgissent lorsqu'il se rend compte qu'il s'est négligé pendant tant d'années.


Pour briser le cycle du sauvetage et sortir du triangle, le sauveteur apprend à se prendre en charge lui-même et à distinguer le rôle d'aidant . En premier lieu, lorsque quelqu'un près de lui vit une difficulté, l'aidant prend le temps de bien écouter le message qui lui est livré en intervenant le moins possible. Quelquefois, écouter suffit mais si ce n'est pas le cas, écouter permet d'évaluer si je peux être utile ou non.


Il est primordial d'avoir une demande claire avant d'aider quelqu'un. Il est souvent utile de poser simplement la question: "Aimeriez-vous avoir mon aide ? Par la suite, il est possible de clarifier si le problème est de son ressort . Avant de passer à l'action, l'aidant peut se poser plusieurs questions: Suis-je la meilleure personne pour répondre à cette demande ? De quelle façon vais-je partager les responsabilités ? Quel est mon objectif ? Qu'est-ce que je dois éviter de faire ? Quelles sont les limites à l'aide que je désire apporter ? Suis-je confortable avec l'aide que je me prépare à offrir ? Finalement, les besoins, les désirs et le bien-être de l'aidant ne devraient jamais souffrir ou alors le moins possible, de l'accompagnement qu'il apporte à autrui. Lorsque l'inconfort surgit c'est le meilleur signal d'alarme pour se rendre compte que le sauveteur se prépare à faire son apparition.

2 commentaires:

  1. sur le même thème que l'article je recommande de visionner le court métrage "je pourrais être votre grand mère".

    Pour ce faire aller ici:
    http://www.lemonde.fr/cinema/visuel/2011/01/13/elisez-votre-court-metrage-favori_1465240_3476.html

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  2. Le court métrage "je pourrais être votre grand-mère" est une bonne illustration. Merci à Sébastien pour ce commentaire.

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